Notre-Dame des Victoires
Une histoire incroyable
Construite à Paris par Louis XIII, le Sanctuaire Notre-Dame des Victoires est un des lieux mariaux les plus célèbres du monde, bien connu pour les nombreuses grâces qui y sont dispensées par la Vierge Marie à tous les pèlerins qui viennent lui rendre visite.
Décembre 1629 : Louis XIII,
fondateur de LA BASILIQUE
Louis XIII fonde Notre-Dame des Victoires en 1629. Le roi répond à l’appel des Augustins déchaussés, dits « petits pères », qui lui demandent l’argent nécessaire à la construction d’un nouveau couvent, sur les trois hectares qu’ils ont acquis entre la Porte de Montmartre et la Porte de Saint-Honoré, tout près d’un terrain consacré au jeu de paume, le Mail.
Le roi exprima le souhait de voir l’église dédiée et consacrée en l’honneur de la Sainte Vierge, sous le titre de Notre-Dame des Victoires, en reconnaissance de toutes les victoires qu’il avait remportées par sa protection tant sur les hérétiques rebelles, que sur les autres ennemis de son royaume, et, surtout, en souvenir de la prise de La Rochelle sur les protestants révoltés. Le dimanche 9 décembre, le roi en pose solennellement la première pierre, en présence des seigneurs de la Cour et des magistrats de la ville.
Pour la pose de la première pierre par Louis XIII, une chapelle en charpente fut édifiée, et majestueusement ornée. Plusieurs tentes et de riches tapisseries vinrent décorer le lieu de la cérémonie.
Le 8 décembre 1629, veille de l’événement, et fête de l’Immaculée » ou de la « Sacrée Conception » de la Vierge Marie (qui devint l’Immaculée Conception, après la proclamation du dogme, en 1854), l’archevêque de Paris, Mgr de Gondi, planta la croix à l’endroit destiné à la construction de l’église, en présence des trente religieux du couvent.
Novembre 1637 :
La révélation du Frère Fiacre
Frère Fiacre, l’un des religieux augustins, voit la Vierge Marie lui apparaître. Elle lui présente « l’enfant que Dieu veut donner à la France », le futur Louis XIV, l’héritier tant espéré du royaume.
À quatre reprises, entre 1h et 4h du matin, le religieux aura devant les yeux la Mère du Christ accompagnée de l’enfant royal, puis de Jésus-Christ. C’est le cri d’un tout-petit qui a attiré l’attention du moine :
« Il tourna la tête du côté de la voix, rapporte le manuscrit des archives du couvent (conservé à la Bibliothèque Nationale, contresigné du vicaire général et du prieur de l’époque), et aperçut la Sacrée Vierge environnée d’une belle et agréable lumière, ayant un enfant dans les bras, vêtue d’une robe bleue semée d’étoiles, ses cheveux pendants sur ses épaules, trois couronnes sur sa tête, assise sur une chaise et qui lui dit : « Mon enfant, n’ayez pas peur, je suis la Mère de Dieu » . Sur cela, il se jeta en terre pour adorer l’enfant qu’elle tenait entre ses bras, pensant que ce fut Jésus-Christ, mais la Vierge sacrée lui dit : « Mon enfant, ce n’est pas mon Fils, c’est l’enfant que Dieu veut donner à la France. » Cette première vision lui dura bien un gros quart d’heure… ».
Notre-Dame
des Grâces de Cotignac
Dans cette révélation, qui est portée, non sans mal, à la connaissance de la reine et du roi, la Vierge demande trois neuvaines, à Notre-Dame des Grâces (à Cotignac, en Provence), Notre-Dame de Paris et Notre-Dame des Victoires. Frère Fiacre s’en acquitte du 8 novembre au 5 décembre 1637.
Le 5 septembre 1638, Anne d’Autriche donne naissance à un fils – Louis, Dieudonné – au château de Saint-Germain en Laye. La Gazette de France peut alors écrire, le fait n’ayant pu échapper à la Cour :
» il y a un an, un religieux avertit la reine qu’elle devait accoucher d’un fils.»
Toute sa vie, Frère Fiacre mettra les grâces de sa prière au service de la famille royale mais aussi des pauvres réclamant son intercession et de la paix, qui fut sa constante préoccupation.
Aux Armes
de France
Après la révélation de Frère Fiacre, et alors que la grossesse de la reine était déclarée depuis quelques semaines, Louis XIII formula le vœu de consacrer la France à la Vierge Marie. Le 6 janvier 1638, le texte du Vœu royal fut adopté, puis signé le 10 février par le souverain, avec les lettres patentes fixant la consécration publique au 15 août de la même année, à Notre-Dame de Paris.
Trois siècles plus tard (15 août 1938), l’un des chefs de la maison de Bourbon, le prince Xavier, renouvela le geste de son illustre ancêtre en consacrant notre pays à Notre-Dame des Victoires, dans un texte solennellement déposé au pied de la Mère de Dieu. Le rouleau aux armes de France refléta, à l’époque, une évidente contestation politique. Il n’en reste pas moins l’un de ces actes de foi qui illustrent la dévotion mariale des princes de Bourbon.
Avril 1674 : la vénération
de Notre-Dame de Savone
De retour d’une mission royale en Italie, où il a découvert Notre-Dame de Savone, Frère Fiacre lui érige une chapelle à Notre-Dame des Victoires. Louis XIV en finance la construction. Elle est solennellement bénite le 2 avril 1674. Prosterné devant l’image vénérée, sculptée à Gênes, le religieux demande à la Vierge qu’elle soit dans cette église le refuge des pécheurs, et accorde à la France la même protection qu’aux habitants de l’Italie (la dévotion à Notre-Dame de Savone est née de l’apparition de la mère de Dieu à Antoine Botta, dans la vallée de Saint-Bernard, proche de Savone, le 18 mars 1536 ; apparue trois fois à Botta, la Vierge avait exhorté les populations à la pénitence et au jeûne).
La statue (vêtue d’un manteau blanc, la Vierge porte une couronne d’or) disparaît pendant la révolution avec les trésors du couvent, après que les religieux ont été chassés et l’église fermée. C’est seulement le 9 novembre 1809 que celle-ci retrouve son nom de Notre-Dame des Victoires après sept années de tractations avec la Bourse des valeurs, installée depuis 1796 dans l’église, par décision du Directoire.
Décembre 1836 :
le Cœur Immaculé de Marie
Après quatre années d’apostolat, et alors qu’il désespère de sa paroisse, prêt à renoncer à son ministère, le curé, Charles-Éléonore Dufriche Desgenettes, montant à l’autel, entend l’ordre suivant, à deux reprises : « Consacre ta paroisse au Très Saint et Immaculé Cœur de Marie.» Dans un acte de foi, l’abbé remet à la Vierge la réussite pastorale de sa paroisse et crée en quelques jours une association de prières en l’honneur du Cœur Immaculé de la Très Sainte Vierge pour obtenir par la protection de Marie la conversion des pécheurs. Le 10 décembre 1836, l’archevêque de Paris, Mgr de Quélen en approuve les statuts. Portrait de l’Abbé Desgenettes
Le lendemain, dimanche 11 décembre, choisi pour la première réunion de l’association, le curé de Notre-Dame des Victoires assiste à la multiplication des fidèles : près de 500 personnes l’attendent à l’heure des Vêpres, d’une profonde ferveur, quand la grand-messe du matin n’a réuni qu’une dizaine de paroissiens.
La conversion
d’un ancien ministre
Voulant être sûr de la puissante intercession de la Mère de Dieu, le père Desgenettes demande un autre signe : la conversion d’un ancien ministre de Louis XVI, voltairien convaincu, M. Etienne de Joly. Il est exaucé en quelques jours. Par cette conversion, Marie signifie ce qu’Elle veut être à Notre-Dame des Victoires, le Refuge des pécheurs, comme cela a été le cas depuis la fondation de l’église.
Au cœur
du dogme
L’extraordinaire extension, à travers le monde, de l’association de prière mariale fondée par l’abbé Desgenettes a-t-elle contribué à la définition du dogme de l’Immaculée Conception par Pie IX, le 8 décembre 1854 ?
Le pape savait avec quelle ardeur les fidèles avaient prié pour lui dans l’église du Très Saint et Immaculé Cœur de Marie, à l’instigation d’Hermann Cohen (fondateur de l’Adoration nocturne). Il n’ignorait pas que la première pierre du sanctuaire parisien fut posée un 8 décembre.
Un an avant la proclamation du dogme, le 9 juillet 1853, le pape avait fait l’offrande d’une nouvelle couronne à la Vierge de Notre-Dame des Victoires.